13.04.2023

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L’analyse trimestrielle des principales tendances des marchés du gaz naturel dans le monde pour le 1er trimestre 2023 réalisée par Cedigaz est disponible en ligne.

Au premier trimestre 2023, les prix européens et asiatiques ont poursuivi une tendance baissière que l’on observe depuis l’été 2022, et ce, malgré la chute des livraisons de gaz russe. Les prix européens ont atteint leur plus bas niveau depuis l’été 2021 mais restent cependant deux à trois fois plus élevés que la moyenne historique.

Cette relative accalmie des marchés du gaz s’explique par plusieurs facteurs : un hiver plus doux que la normale qui a fait baisser la consommation de gaz pour le chauffage du bâtiment, des importations de GNL toujours très élevées en Europe et la baisse de la consommation gazière dans tous les secteurs de consommation. Ces développements ont permis de maintenir les stockages européens à des niveaux records, ce qui constitue un facteur baissier sur les prix anticipés dans les prochains mois. 

Évolution des prix internationaux du gaz au premier trimestre 2023

Bien que les approvisionnements en gaz russe aient chuté de 75 % sur un an, les prix de marché européens et asiatiques ont diminué très fortement de respectivement 48 % et 40 % par rapport au premier trimestre de l’année 2022. 

Au premier trimestre de cette année, le prix européen TTF s’est établi en baisse de 42 % par rapport au trimestre précédent, à 16,8 $/MBtu (54 €/MWh), revenant à un niveau similaire à celui du troisième trimestre de l’année 2021. Le TTF a atteint un niveau plancher de 12,6 $/MBtu (40 €/MWh) le 20 mars, son niveau le plus bas depuis l’été 2021. Les fondamentaux du marché européen sont baissiers. On estime qu’au premier trimestre de cette année, la consommation gazière de l’UE était inférieure de 17 % par rapport à la moyenne de saison. Dans ce contexte, les importations toujours soutenues de GNL et de gaz norvégien ont pu à la fois remplacer le gaz russe et garantir un taux de remplissage très élevé des stocks. 

Le prix moyen spot asiatique est passé de 25 $/MBtu en janvier à 12,6 $/MBtu aujourd’hui, affichant toujours une très forte corrélation avec le prix européen. Il s’agit également de son niveau le plus bas enregistré depuis l’été 2021. La demande gazière en Asie reste faible et les stocks de GNL sont toujours très élevés en Asie du Nord-Est, ce qui limite les besoins d’importations et explique la baisse des prix. 

Les prix spot asiatiques et européens sont récemment passés en dessous de la parité pétrole, une première depuis l’été 2021.

Le prix spot américain Henry Hub a fortement baissé au premier trimestre 2023. Il a même atteint en mars son niveau mensuel le plus bas depuis septembre 2020. Des températures en moyenne plus élevées que la normale, une production domestique soutenue et l’abondance des stocks de gaz ont exercé une forte pression baissière sur le prix américain. 

Tendances du marché du GNL

D’après Cedigaz, l’offre mondiale de GNL a atteint 135 Gm3 au premier trimestre 2023, une hausse de 2 % par rapport au trimestre précédent et de 5% par rapport à l’année 2021. L’offre globale de GNL a atteint un record pour le mois de mars, soutenue par les Etats-Unis (redémarrage de l’usine Freeport) et le Nigeria.

L’Europe (UE et RU) a continué à importer massivement du GNL. Ses importations s’élèvent à 37 Gm3 au premier trimestre, ce qui est supérieur de respectivement 5% et 75 % par rapport aux années 2022 et 2021 pour la même période de l’année.  

Cet afflux de GNL est facilité par la montée en puissance des capacités de regazéification en Europe du Nord-Ouest. L’Allemagne a commencé à importer du GNL et dispose déjà aujourd’hui de trois terminaux de regazéification. En mars, on note une forte hausse des importations de GNL dans l’Europe du Nord-Ouest (Pays-Bas, Belgique, RU) et en Espagne afin de compenser la chute des livraisons en France due aux mouvements de grève aux terminaux de GNL. 

A l’image des trimestres précédents, la croissance des importations de GNL en Europe se fait au détriment de l’Asie, où la demande reste atone en raison d’une météo clémente et du manque de compétitivité du GNL qui favorise la substitution du gaz par d’autres sources d’énergie. La demande de GNL a toujours été particulièrement faible en Chine en janvier et en février, la santé économique du pays restant fragile, avant une légère reprise observée en mars. Par ailleurs, l’abondance des stockages de GNL en Asie du Nord-Est limite les besoins d’importations. 

Perspectives 

Le niveau très élevé des stocks européens et asiatiques et les perspectives d’une demande toujours probablement faible dans ces régions (utilisation du nucléaire et des autres sources d’énergie, destruction industrielle et sobriété) limitent les risques de tension sur les marchés pour cet été 2023.

Avec un volume de 625 TWh (58 Gm3), les stockages souterrains de l’UE ont atteint un taux de remplissage de 56 % à la fin mars, un niveau mensuel record. Le niveau des stocks de l’UE est supérieur de 65% à la moyenne 2017-2021. Grâce au niveau des stocks actuels, le volume d’injection nécessaire cet été pour atteindre l’objectif d’un taux de remplissage de 90 % au 1er novembre est réduit de moitié.

En valeur absolue, cela signifie 25 Gm3 de moins à injecter. La France est dans une situation particulière, avec un taux de remplissage de 28%, bien en deçà de la moyenne européenne. Cela s’explique par la nécessité technique de ne pas trop remplir les stockages en nappe aquifère et plus récemment par les coupures d’approvisionnement de GNL liées aux grèves du mois de mars. 

Cependant, des incertitudes persistent concernant les conditions de marché pour passer l’hiver prochain. La structure des prix européens à terme en contango (hausse des prix après l’été et à l’approche de l’hiver 2023-24) s’est accentuée en mars. La convergence totale entre les prix européens et asiatiques témoigne d’un risque de tension sur l’équilibre global du marché du GNL.

Au-delà du climat, l’évolution du contexte économique et l’ampleur de la reprise de la demande de GNL attendue en Chine auront un impact clé sur l’équilibre des marchés à l’approche de l’hiver prochain. Une réduction probable des livraisons de GNL russe (qui représentent aujourd’hui près de 8 % de l’approvisionnement de l’UE) en raison des pressions politiques est également un facteur de risque.
 

>> Accéder à l’ensemble du rapport Cedigaz (en anglais)

Cedigaz est une association internationale et un centre d'information économique sur le gaz naturel et renouvelable, créé en 1961 à l'initiative d'IFP Energies nouvelles et de plusieurs compagnies gazières. Ses publications constituent une référence et sont régulièrement citées dans les grands débats énergétiques.

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