13.10.2022
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L’analyse trimestrielle des principales tendances des marchés du gaz naturel dans le monde pour le 3e trimestre 2022 réalisée par Cedigaz est disponible en ligne
Au troisième trimestre 2022, les prix spot du gaz européens et asiatiques ont atteint de nouveaux sommets mais sont restés très volatils.
Sous l’effet de la crise russe et des menaces d’une coupure, les prix du gaz ont culminé à plus de 300€/MWh à la fin août, contribuant fortement à l’inflation européenne.
Trois facteurs baissiers sont venus toutefois modérer la flambée des prix européens ces dernières semaines : le bon remplissage des stocks, la très forte croissance des importations de GNL au détriment de la Chine et la forte réduction de la consommation gazière (fermeture d’usines et destruction de la demande industrielle, substitutions énergétiques et économies d’énergie).
Évolution des prix internationaux du gaz au troisième trimestre de l’année 2022
Le tarissement des livraisons de gaz russe, des perturbations sur l’approvisionnement norvégien (maintenances sur les gisements) et l’inquiétude grandissante quant au risque de déficit gazier l’hiver prochain ont provoqué une hausse vertigineuse des prix du gaz cet été. Au cours du mois d’août, le prix TTF a explosé avec des pics enregistrés à plus de 300 €/MWh. Les tensions sont montées en flèche suite à l’annonce d’une coupure sur le Nord Stream qui ne fonctionne plus depuis la fin du mois d’août. Par ailleurs, les pics de chaleur cet été ont accru les besoins en gaz pour la production d’électricité, d’autant que la baisse du niveau des eaux du Rhin a perturbé les livraisons de charbon et de produits pétroliers en Allemagne.
Les prix spot asiatiques ont suivi l’ascension des prix européens. Les pays du Nord-Est de l’Asie (Japon, Corée du Sud) ont eu recours au marché spot du GNL afin de répondre à la demande d’électricité estivale et aux besoins de remplissage des stocks pour passer l’hiver.
Tendances des marchés du gaz
Au troisième trimestre 2022, les importations totales de GNL ont bondi de 6 % par rapport à la même période de l’année précédente. Du côté de la demande, cette croissance est toujours tirée par Europe, où les importations de GNL sont restées très soutenues et ont plus que doublé par rapport à l’an passé. Cet afflux de GNL en Europe est en partie rendu possible par une baisse des livraisons en Asie que l’on observe depuis décembre. Celle-ci provient essentiellement de la Chine qui, confrontée à des difficultés économiques sur fond de crise Covid, réduit ses achats de GNL au profit de sources d’approvisionnement plus économiques (gazoducs de Russie et d’Asie centrale, production domestique). Du côté de l’offre, la fermeture de l’usine américaine Freeport a retiré 55 Mm3/J du marché du GNL. Les tensions se sont donc accentuées sur le marché mondial du GNL.
Au cours du troisième trimestre, les livraisons norvégiennes sont restées en deçà des importations de GNL en Europe. La part des importations de gaz russe par gazoduc dans l’approvisionnement gazier de l’UE est passée de 26 % en janvier 2022 à 9 % en septembre 2022, alors que la part du GNL a augmenté fortement de 22 % à 38 % sur la même période. Même si les importations de GNL sont restées soutenues en Europe, elles n’ont pas permis à elles seules de compenser le manque de gaz russe et les contraintes sur l’offre norvégienne. La forte réduction de la consommation gazière européenne dans l’industrie et le bâtiment a permis de poursuivre, à un rythme soutenu, le remplissage des stocks à partir du GNL importé
Perspectives
Le bon remplissage des stocks a fortement réduit les craintes d’un déficit gazier cet hiver. Le prix européen TTF a même connu une forte baisse ces derniers jours en raison de l’abondance des stocks et probablement de l’annonce des mesures d’urgence par l’UE visant à réduire la consommation énergétique.
Mais les marchés demeurent nerveux, très volatils et réactifs alors que la liquidité gazière sur les zones d’échanges s’est tarie. La part du gaz russe en Europe de l’Ouest est devenue aujourd’hui marginale en raison de l’impossibilité physique d’importer par le Nord Stream. La France et l’Allemagne ne sont aujourd’hui plus dépendantes du gaz russe mais le sont en revanche fortement de la Norvège et du GNL (qui transite via la Belgique et les Pays-Bas vers l’Allemagne).
On observe une structure des prix à terme en contango pour les prochains mois, en anticipation du pic hivernal. Le prix TTF à terme pour l’été 2023 est très élevé et reflète le risque d’une pénurie de stocks pour passer l’hiver 2023/24 en conséquence de l’effondrement des importations de gaz russe. Ainsi, au regard de la courbe des prix à terme actuelle, les prix s’annoncent en moyenne plus élevés en 2023 qu’en 2022, le reflet des tensions sur le marché mondial et même des risques de pénurie en Europe liées à la crise russe. Les prix réagiront aussi à des facteurs baissiers (sobriété énergétique, importations de GNL…) et aux conditions météorologiques dont l’impact restera majeur sur tous les continents. La disponibilité de la production d’électricité nucléaire française après des problèmes de maintenance et le redémarrage prévu de l’usine américaine de GNL Freeport sont aussi des facteurs à prendre en considération.
>> Accéder à l’ensemble du rapport Cedigaz (en anglais)
Cedigaz est une association internationale et un centre d'information économique sur le gaz naturel et renouvelable, créé en 1961 à l'initiative d'IFP Energies nouvelles et de plusieurs compagnies gazières. Ses publications constituent une référence et sont régulièrement citées dans les grands débats énergétiques.