Afin de lutter contre le changement climatique, de nombreux pays ont mis en place des politiques favorisant l’utilisation de biocarburants de 1re génération, induisant la multiplication par 7 de leur production mondiale entre 2000 et 2014.
En parallèle, les hausses de prix des produits agricoles intervenues depuis 2005 ont entretenu le débat food versus fuel sur l’utilisation des ressources alimentaires pour produire de l’énergie.
Divers facteurs ont contribué à ces hausses de prix, dont la forte croissance économique des pays émergents, entraînant un changement de leurs habitudes alimentaires, ou des conditions climatiques défavorables dans les pays producteurs.
La montée des prix des produits pétroliers a pu aussi jouer un rôle à travers une hausse des coûts de production agricole et par une demande accrue en biocarburants, du fait que leur rapport de prix avec les carburants fossiles s’améliorait.
L’étude des relations entre les marchés agricole et pétrolier montre que leurs prix sont d’autant plus corrélés que la quantité produite de biocarburants est élevée.
Cette corrélation s’est fortement renforcée dans le cas du maïs américain (dont la production journalière de biocarburants oscille entre 1 400 et 1 800 milliers de barils depuis 2014) et cet effet ne se limite pas aux produits agricoles entrant dans la production énergétique mais se diffuse également aux substituts alimentaires tels que le blé(1).
Ces hausses de prix n’ont pas toujours profité aux pays exportateurs de matières premières agricoles en raison, par exemple, du renchérissement de la valeur de leurs importations énergétiques, suite à la hausse des prix du pétrole.
En effet, leur balance courante n’est pas impactée par les variations de prix des produits agricoles lorsque le prix du pétrole est supérieur à 45 $ par baril.
D’autre part, les principales économies importatrices de biens agricoles ont pu maintenir constante la valeur de leurs importations alimentaires en diminuant les taxes à l’importation sur ces biens. Les hausses de prix des produits agricoles n’ont donc pas impacté la croissance économique de ces pays à travers leur balance courante(2).
Le prix du pétrole est devenu un déterminant clé des prix agricoles, suite au développement des biocarburants de 1re génération, mais une ambition de la 2e génération, issue de résidus agricoles et forestiers, sera de surmonter cet effet de contagion.
(1) A. Paris, The Effect of Biofuels on the Link between Oil and Agricultural Commodity Prices: A Smooth Transition Cointegration Approach, soumis à International Economics, 2016.
>> https://ideas.repec.org/p/drm/wpaper/2016-5.html
(2) G. Gomes, E. Hache, V. Mignon, A. Paris, On the current account–biofuels link in emerging and developing countries: do oil price fluctuations matter?, soumis à Resource and Energy Economics, 2017.
>> http://www.cepii.fr/PDF_PUB/wp/2017/wp2017-07.pdf
Contact scientifique : anthony.paris@ifpen.fr